samedi 6 octobre 2012
J'ai testé pour vous : Géant Casino
Géant Casino un samedi à 16h30… Je sais ce que vous allez dire : t’es cinglé, pauvre type ! Et pourtant je l’ai fait.
Excuse :
Aucune, sinon une ou deux courses particulières genre une cartouche d’encre pour mon antique imprimante et une clé USB.
Round 1 :
Le ton est donné dès le parking. Blindé, bondé, full. Obligé de garer mon imitation franchouillarde de Ferrari (pour la couleur…) à Pétaouchnock. Tant pis, ça me fera de l’exercice. Et puis j’aime bien pousser le caddie. C’est pas si souvent, alors je me régale à me lancer à vive allure dans les travées bitumées, les deux pieds posés au-dessus des roues.
En plein milieu des allées, quelques Golfs et autres A3 de couleur sombres, vitres ouvertes, éructant plein pot du rap à deux balles. Les barbeaux qui trônent au volant, Ray-Ban sur le pif et casquette à l’envers sur la coque vide qui leur sert de crâne, attendent sans doute leur meuf « pour cinq minutes ». Ils emmerdent tout le monde mais le monde n’existe pas. Le doigt est déjà prêt, bien huilé, pour celui qui osera y redire.
Round 2 :
Me voilà dans l’antre. Obligé de slalomer tant bien que mal au milieu des bancs de traîne-savates en survet/runnings entourés de marmaille beuglante. Au milieu de ce joyeux capharnaüm, un photographe tire le portrait de deux pétasses malameow fardées comme si elles étaient en partance pour la rue Saint-Denis ou, au pire, la 113.
Soudain, couvrant le bruit dégueulasse qui fait office de musique d’ambiance, une voix. Un type que je ne parviens pas à localiser qui vante au micro la soupe de poisson et le pack de steaks proches de la péremption dont le prix défie d’après lui l’entendement.
Le prix. Il est partout, argument unique et omniprésent. Tous les 25 centimètres, un écriteau indiquant « prix en baisse » vous saute à la gueule. Tiens ? Les gentils commerçants Casino feraient-ils œuvre de philanthropie ? A bien y regarder, non. Car, si les prix « baissent » (je ne suis pas suffisamment assidu pour en faire le constat), la qualité, elle, s’écroule. La marque « maison » est partout et il faut chercher des plombes pour dénicher la concurrence. Autrefois relégués dans les rayons du bas estampillés « premiers prix », les produits « Casino » sont maintenant à hauteur d’homme, inondant littéralement les étals.
Quid de ce plantureux rayon « Bio » qui avait fait son apparition il y a un an ou deux ? Disparu, envolé, volatilisé. Partout de la merde, de la merde, et encore de la merde. La clientèle bobo a dû se faire la malle et on a pensé qu’il serait plus rentable de concurrencer Lidl que la Vie Claire.
« Prix en baisse »… vaste blague. Vu le caca qu’ils mettent en rayon, manquerait plus que les prix augmentent. Ce qui est sûr c’est que les marges, elles, ne doivent pas baisser. Ou comment s’engouffrer dans le business de la crise et exploiter à la fois l’indigence et la naïveté des gens.
Au détour de ma quête (qui s’avèrera vaine) d’un pack de lait de soja, j’avise un rayon estampillé « premiers prix ». Ici, c’est l’intégralité du stock qui présente un emballage blanc triste comme un jour sans soleil. Je n’ose même pas m’y aventurer. Ça sent le rebus d’Europe de l’Est aux saveurs de dioxine et d’hormones animales. Ça sent la date de péremption imminente. Ça sent la merde.
Round 3 :
La caisse. Je sais que je dois m’armer de patience, je suis prévenu, je me suis mentalement préparé. Zen. Plus calme qu’un bonze népalais.
Pendant qu’un petit thon d’une quinzaine d’années se croyant super sexy dans une jupe rouge pétard qui boudine affreusement son abdomen de téléphage bouffeuse de chips remplit le formulaire d’inscription en vue d’obtenir une carte de fidélité du magasin [faire ça un samedi aprèm mériterait pour le moins le pal, sinon la roue], je mate à la fois la tronche et le contenu des caddies de mes concitoyens.
Côté tronche, c’est déjà l’hiver. Ça a l’œil mou, la lippe pendante prête à mordre. On sent que ça les fait chier d’être là et plus encore de supporter leurs congénères. Ca vérifie qu’on ne les double pas, ça jette des regards de bête acculée, ça oublie évidemment de mettre le séparateur sur le tapis roulant, derrière leurs victuailles. Du coup, le suivant grogne, maugréé et attend de pouvoir attraper l’objet pour pouvoir faire dégueuler son caddie à son tour.
Le contenu fait peur. Du plastique, du plastique et encore du plastique. A l’intérieur du plastique, de la merde. De la merde à 80% futile : chips, biscuits apéritifs, sodas chimiques d’une couleur de science-fiction, bonbons cancérigènes, Nutella à l’huile de palme, plats tout préparés de marque « Casino » à balancer vite fait au micro-onde. Teneur garantie en sel, graisses polysaturées, glutamate et autres conservateurs. Et puis des gâteaux. De ces beaux gâteaux pleins de crème artificielle et de fruits recolorés, le tout dans une belle boîte en plastique. [Voir ici : http://goo.gl/qMyDW]
La brave dame qui me précède a visiblement des priorités qui lui appartiennent… côté bouffe pour humains, il y a de quoi empoisonner en un clin d’œil les organismes les plus aguerris. En revanche, la bouffe pour chats est de marque, en petites barquettes individuelles très chères…
Ecœuré, prêt à rendre mon repas de midi sur le tapis roulant, je me pose quand même des questions.
A trois reprises des neuneus ont tapé dans mon caddie alors qu’ils textotaient sans regarder devant eux sur des smartphones haut de gamme.
Alors que je saisissais mon café « commerce équitable » tout en haut du rayon, j’ai vu des cohortes de chalands charger leur charrette de paquets de café en dosettes.
On est parait-il en crise, les magasins virent le bio pour charger la mule en bas de gamme, mais on se balade avec des Galaxy Note et on achète son café au prix du caviar… J’avoue que je suis parfois perplexe.
Round 4 :
La sortie. Ouf ! L’air arrive à nouveau dans mes poumons.
La Golf arrêtée au milieu de l’allée « pour deux minutes » est toujours là, vomissant toujours à tout le voisinage son rap pourri.
Moi, je me fais une promesse : ne plus jamais revenir ici. Terminé.
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